top of page

Peut-on vivre de doula ?


Ça c’est une question qui revient tout le temps… « Est-ce qu’on vit de doula ? »


C’est terrible, car c’est la question qui arrive après que tu aies déjà expliqué le positionnement, l’éthique, pourquoi tu ne « suis » pas les femmes, c’est le moment où la personne en face sort de ses a priori et perçoit à quel point c’est précieux, ce que tu fais, et là… La question tombe : « mais… tu en vis ? »


C’est terrible aussi quand ça arrive à la fin d’une discussion passionnée, avec une peut-être future doula, de préférence... Discussion pendant laquelle tu t’es complètement emballée sur la magie du truc, le lien qui se tisse avec les femmes, les parents, les familles, les moments de joie, les larmes, les naissances, les tétées… « et… tu en vis ? »


C’est terrible, parce qu’après ces beaux échanges qui donnent le sourire et l’envie d’accompagner encore et encore, tu ne vas quand même pas être celle qui casse l’ambiance avec un « NON » ??? Tu ne vas quand même pas mentir non plus. Surtout pas à une femme qui envisage d’investir du temps et de l’énergie dans une formation… Doula, authenticité, tout ça.

Alors ??? Est-ce qu’on vit de doula ? Est-ce que, aujourd’hui en France, on peut décemment répondre autre chose que « NON » ?


Si par « vivre de doula », on entend « tirer de ses activités d’accompagnement autour de la naissance » de quoi payer loyer, charges, courses alimentaires et chaussures des enfants… Il y a peu de doulas en France qui « en vivent ». Là je parle des doulas qui ont choisi de respecter la charte de DDF, et dont l’accompagnement n’a pas de dimension thérapeutique (pour celles qui font un autre choix, effectivement, le bilan peut être différent). Il y a peu de doulas qui en vivent parce que la demande est faible, et que ce n’est pas si facile de se faire connaître des futurs parents qui sont déjà assaillis de sollicitations et d’offres diverses et variées (photographes, poussettes en promo, etc). Il y a peu de doulas qui en vivent, mais il y en a quelques unes, ce qui pourrait peut-être nous autoriser à un petit timide « certaines, OUI ! » ?


Si par « vivre de doula », on entend « tirer de ses compétences de doula » de quoi payer loyer, charges, courses alimentaires et chaussures des enfants (non, j’ai pas écrit la même chose qu’au paragraphe précédent, relisez)… Il y a déjà plus de doulas qui y arrivent. Mais de quelles compétences parle-t-elle donc ? Parce que masser les reins d’une femme pendant les contractions, ou boire le thé en hochant la tête, on voit pas trop où ça peut mener…? Pour rappel, la doula est forte pour accueillir les émotions, peut-être qu’elle facilite des tentes rouges ou d’autres cercles de parole qui peuvent lui permettre de se créer un joli réseau. De fil en aiguille, elle peut proposer des ateliers pour les parents, et peut-être en tirer une rémunération. Souvent elle s’intéresse à l’éducation bienveillante, elle peut se faire une place localement et être reconnue dans le milieu de la petite enfance comme appui potentiel pour les jeunes parents (rappelons-nous que la période post-natale est moins la chasse gardée des professionnels de santé que la grossesse et la naissance). Bref, peut-être que la doula va transposer ses compétences dans un autre domaine d’accompagnement, dans une structure, ou de façon indépendante, et qu’elle va « en vivre ». OUI.


Si, par « vivre de doula », on entend « tirer de ses qualités de doula » de quoi payer loyer, charges, courses alimentaires et chaussures des enfants (non, j’ai toujours pas écrit la même chose qu’au paragraphe précédent, relisez)… Là, c’est un projet qui commence à bien bien tenir la route. Vous allez me dire, peut-être, on a les qualités qu’on a, c’est pas une formation, aussi précieuse soit-elle, qui va nous en apporter de nouvelles. Puisque les qualités sont intrinsèques, n’est-ce pas, on a le kit à la naissance, ou pas. Faux. L’empathie, ça se travaille. La congruence aussi. Il y a les qualités qu’on a, les qualités qu’on se reconnaît, les qualités qu’on nous reconnaît. Il y a les qualités qu’on développe. Vous allez dire, peut-être, l’empathie, la congruence, l'écoute, moi personne ne m’a embauchée pour ça. Ah ah, c’est ce que vous croyez. Si vous avez envoyé un androïde à votre place à l'entretien d'embauche, alors, sûrement que vos qualités doulesques non pas joué. Mais si vous vous êtes déplacée personnellement, alors, OUI, on vous a embauchée (aussi) pour ça.


Si, par « vivre de doula », on entend « vibrer avec sa corde doula » à chaque rencontre, à chaque réveil, à chaque sourire… Je crois que là, j'ai rien à vous démontrer... Ça vit et ça vibre tout seul et ça fait OUI, même si le frigo ne se remplit toujours pas (y'a pas que la bouffe dans la vie... ok, y'a les factures aussi... vous êtes tellement matérialistes... bref). Mais au fond, qu'est-ce que c'est que cette expression, « vivre de » ? C'est tellement moche, et puis ça n'a presque pas de sens. Vous vivez de quoi, vous ? D'argent, d'un corps en bonne santé, d'un sourire, de relations humaines, d'une vibration, d'une passion qui vous fait vous lever le matin (ou vous coucher à pas d'heure le soir) ? Je m'égare.


Mon bilan perso ? Je ne remplis pas mon frigo grâce à mon activité de doula. Ou, du moins, pas toutes les semaines. Mais j'ai eu à plusieurs reprises l'occasion de travailler de façon rémunérée avec des structures pour des actions en lien direct avec la doulaterie. Mes compétences de doula m’ont déjà évité de me faire virer (ou « de ne pas être renouvelée », le charme du CDD) d’un travail dans un tout autre domaine. Mes qualités de doula m'ont permis et me permettent encore de m’adapter à différents jobs absolument non-doulesques en apparence (et de gérer pas trop mal). Et bien sûr, ma corde doula vibre à chaque seconde.


Alors, est-ce qu’on « vit de doula » ? Et bien, chacune à sa manière, OUI. Certaines directement, parce qu’elles sont dans une ville porteuse peut-être, et surtout parce qu’elles assurent grave niveau com’, bravo à elles. D’autres moins directement, grâce à leurs compétences doulesques savamment transférés dans des activités connexes. D’autres encore moins directement, grâce à leurs qualités cultivées avec amour auprès des femmes et des couples, et bouturées à la sauvage dans un terrain à conquérir. Et d’autres, au lieu d’en vivre, le vibrent, ou qu’elles soient, quoi qu’elles fassent.


Bien sûr, si vous n’êtes toujours pas convaincues, vous pouvez continuer à casser l’ambiance en répondant NON, c’est ça aussi la liberté (Liberté, j’écris ton NON) (ok, pardon, c’est tard).



Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Pas encore de mots-clés.
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page