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Ce que la doula préfère


Souvent, j'entends des choses comme "les doulas accompagnent plutôt les femmes qui accouchent sans péridurale”, “c’est surtout pour les parents qui choisissent une approche naturelle" ou même, pire, "toi, tu préfères les femmes qui allaitent / portent / utilisent des couches lavables". Et je réponds que le rôle de la doula est d'accompagner les couples quels que soient leurs choix, etc, etc, mais je sens bien que les a priori restent ce qu'ils sont. Que nombreux sont ceux qui confondent ce que je suis en tant que femme et mère, mes convictions personnelles, et mon positionnement en tant que doula.


Alors, en exclu, cette fois je vais vous révéler ce que je préfère vraiment.


En tant que femme et être humain, il y a des tas de choses que je préfère. Je préfère le violet. Je préfère la bonne bière. Je préfère les pommes. La campagne. Le soleil. Le chocolat. Passionnant, n’est-ce pas ? Hum, parlons plutôt de la doula qui est en moi.


Quelles pourraient bien être les préférences de la doula ? Allez, cherchez bien… Mais oui, puisque la doula est perchée, elle ne peut que préférer les couples "natures" qui accouchent sans péri, tout ça, tout ça. Et le voilà de retour, le doux cliché du combo gagnant “doula - AAD - cododo - allaitement jusqu'aux 18 ans”. Et force est de constater que parmi les femmes, les couples, qui choisissent d’être accompagnés par une doula, une part d’entre eux se dirigent aussi vers une naissance moins médicalisée, un parentage “proximal”, et des légumes bio. Hasards, coïncidences…?


Essayons de prendre la question à l’envers. Enfin, à l’endroit, pour moi. Avant de se questionner sur la présence d’une doula à ses côtés, il faut déjà savoir que les doulas existent ET que ce ne sont pas des sorcières ou les membres d’une secte. Malheureusement, ces informations essentielles sur l’existence des doulas et leur non-sorcellerie ne se trouvent pas dans la valisette rose (vous savez, le petit pack distribué au Xième mois de grossesse dans les maternités : 90% de flyers publicitaires, 10% d’échantillons gratuits de produits indispensables à la survie d’une femme enceinte). Et, sans vouloir faire ma victime, ces infos ne sont pas non plus affichées dans le hall d’accueil de la maternité. Ni dans toutes les salles d'attente de gynobs de la région. Ni dans tous les laboratoires d'analyses médicales. Ni dans tous les bars de la ville. M’enfin, là, ça peut se comprendre. Bref, pour savoir que la doula existe, qu’elle pourrait nous apporter quelque chose de chouette, qu’il y en a une dans notre secteur, et qu’elle a même un numéro de téléphone où on peut la joindre pour prendre rendez-vous, il faut déjà avoir fait une sacrée démarche personnelle. Taper des trucs dans son moteur de recherche préféré. Aller lire des articles dans des blogs, des témoignages sur des forums, dans les réseaux sociaux. Et peut-être découvrir le site de DDF, et l’annuaire des doulas référencées. Youpi ! Mais, pfiou, quelle aventure… Quand on est déjà bien occupé avec les questions existentielles du type : quel test de grossesse choisir, quand annoncer sa grossesse à son boss, manger ou ne pas manger de jambon cuit, mettre ou ne pas mettre le pantalon de grossesse qui te fait sentir baleine.


Il y a de plus en plus de femmes, de couples, qui font cette démarche (et c’est génial !!! pardon, je reste neutre, hein, je voulais dire que c’était cool pour eux). Le Hasard (avec un grand H) fait que, parfois, ces femmes, couples, qui sont dans le cheminement de chercher de l’information hors de la valisette rose et de Baby Boom, se posent également des questions sur les conséquences de la péridurale, les conditions d’accueil de leur bébé, la meilleure façon de l’accompagner dans les premiers mois, les premières années de sa vie. Et parfois, au-delà de la décision de faire appel ou non à une doula, ils font des choix qui vont les catapulter directement dans cette grande case des parents “natures”. Ou pas du tout.


Pourtant, prendre une doula est un choix. Accoucher en structure ou pas est un autre choix. Se passer de la péri ou pas, encore un choix. Allaiter ou pas. Cododoter ou pas. Une série de choix, conscients ou inconscients, anticipés ou improvisés, qui vont donner des impulsions, des directions, construire une parentalité, une relation.


Un de mes rêves les plus fous, ce serait que prendre ou non une doula soit un choix aussi banal que trancher entre sling et écharpe de portage pour la sortie du jour, entre mojito et Martini pour l’apéro, entre fromage et dessert au resto. Un choix démocratique, ouvert au plus grand nombre, grâce à une information accessible au plus grand nombre… On a encore un peu de boulot avant d’en arriver là… En attendant, en ce qui me concerne, j’accompagne avec joie les couples, les femmes, tous les couples, toutes les femmes, qui arrivent jusqu’à moi… Et petit à petit, ces graines semées feront de notre métier une chaleureuse banalité (j’ai prévenu que c’était le paragraphe “rêves les plus fous”, hein)...


Du coup, je m’en sors bien, je n’ai toujours pas avoué ce que je préférais, au-delà de la bière et du chocolat... Ce que la doula en moi préfère. Et bien, en vrai, ce qu’elle préfère, c’est la rencontre. C’est la découverte d’un nouveau monde à chaque fois, d’un univers, d’une vibration. Ce qu’elle préfère, c’est la force et les faiblesses des humains en cheminement. C’est les certitudes, et la confiance, et les failles, et les peurs. Ce qu’elle préfère, c’est pleurer de joie quand c’est merveilleux, et donner tout ce qu’elle a quand c’est terrible. C’est la physio parce que c’est magique, la péri parce que ça soulage. C’est un allaitement qui se passe bien, un biberonnage qui se passe bien. Ce qu’elle préfère, c’est voir les parents choisir plus et subir moins. C’est les mères qui assurent grave et celles qui luttent de toutes leurs forces et qui gagnent quand même à la fin. Ce qu’elle préfère, c’est l’accompagnement, c’est le lien, c’est le chemin, quel qu’il soit.


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