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Une doula, oui... Pour les autres!

Un soir, au téléphone avec une de mes meilleures amies :

"Et ce couple que tu accompagnes... Ils ont des soucis, ou...?

- Pas particulièrement, ils ont juste choisi d'être accompagnés par une personne neutre et bienveillante pour ce moment important de leur vie [évidemment, je suis soumise au secret professionnel, mais, pour de vrai, ils n'avaient "aucun souci"].

- Mais, avec leur premier bébé, ça s'est mal passé?

- Pas particulièrement, le rôle de la doula, c'est de... etc etc [je vous la fais courte]

- Et la maman, elle a des difficultés avec sa maman à elle?

- Pas particulièrement, je suis là pour... etc [vous avez compris l'idée]”


Hum…


L’existence de la doula, on la conçoit pour les mères en difficultés, les couples en perdition, les abonnées aux DPP (dépressions post-partum).


Mais les gens normaux, les couples amoureux, les futurs-papas normalement épanouis, les femmes bien dans leurs pompes, celles qui veulent un enfant de façon normale, sans que ça les rende dingues, celles qui ont trouvé le bon mec qui ne se défilera pas, celles qui ne se posent pas 4000 question à la minutes comme de grosses névrosées blindées d’hormones et qui savent faire appel à leur maman et à leurs meilleures amies si besoin… Pour toutes ces personnes-là, on est d’accord, la doula ne sert à rien...?


C’est rigolo, parce que, justement, j’en ai accompagnés, des gens normaux, des couples amoureux par exemple. Et même hyper-amoureux. Le genre de couple que quand tu repars du rendez-vous, tous les oiseaux chantent autour de toi et le soleil te sourit. Sauf que même dans les couples hyper-hyper-amoureux, parfois il y a des tensions autour d’une sombre histoire de rendez-vous avec la sage-femme noté sur la mauvaise case du calendrier. Oh, rien de grave, ça ne sort pas des murs de la maison. On n’en parle à personne. Juste à la doula, entre deux portes. On a les nerfs, et il faut que ça sorte. “Je peux pas compter sur lui, il a même réussi à se planter en notant la date du rendez-vous!!!” “J’ai noté la date qu’elle m’a dit, elle a pas les idées nettes en ce moment, et elle me met tout sur le dos!” On a quand même vachement les nerfs, et c’est pas la première fois depuis le début de cette grossesse qui nous éloigne au lieu de nous rapprocher. Mais ouf, on se sent compris, la doula est là. On continue à cheminer tranquillement, amoureux. C’était vraiment rien de grave, on s’en rappellera même plus dans 3 mois.


Et des femmes bien dans leurs baskets, des femmes normales, rationnelles, j’en ai accompagnées aussi. Chacun est “rationnel” jusqu’à un certain point, hein. Il y a un moment où, parfois, les émotions prennent le dessus et te mettent la rationalité à l'envers. Par exemple, après l’écho pendant laquelle le gynobs passe son temps à marmonner “humhum” sourcils froncés, chuchote des trucs au secrétariat en sortant, puis, sans avoir croisé ton regard, te demande de revenir la semaine suivante “pour une vérification”. Ou après que ta collègue Corinne t’ait raconté en détail son accouchement, “la boucherie” comme elle l’appelle, en concluant par un jovial “et encore, j'avais la péri, toi qui as décidé de faire sans, t'as bien du courage, hein”. Ou quand tu perds les eaux et que ton compagnon ne répond pas à son p#@!* de portable. Finalement, des fois c’est pas mal d’avoir aussi une doula sous la main pour, justement, te rappeler que t’es une femme rationnelle.


Et une femme qui avait plein d’amies, des réelles, des virtuelles, et un compagnon, et une mère bien sûr. Elle me voyait comme un "petit luxe" qu'elle s'offrait, pour le plaisir, comme un bonus. Et puis il s’est trouvé sur son chemin des choses qu'apparemment elle ne pouvait confier qu'à une doula. Pendant un tout petit moment, le bonus a été sa bouée.


Et une wonderwoman, une vraie. Une femme qui prenait tellement les choses en main, savait tellement parfaitement ce qui était bon pour elle, semblait si forte en toutes circonstances, trouvait si bien toutes les informations dont elle avait besoin… que même moi je me suis demandé à quoi j’allais servir. Et en fait, “j’ai servi”. Aujourd'hui, j'en reviens toujours pas. [elle se reconnaîtra]


On ne se fait pas accompagner par une doula parce qu’on est faible. On ne se fait pas accompagner parce qu’on a des problèmes, ou parce qu’on a peur d’en avoir. On ne se fait pas accompagner parce qu’on n’a pas d'amis. On ne se fait pas accompagner parce qu’on ne sait pas chercher par soi-même les informations dont on a besoin.


On se fait accompagner par une doula pour vivre une expérience différente autour de la naissance de son enfant. Pour se sentir plus stables. Pour survivre dans la jungle du jargon médical. Pour cheminer plus sereinement. Pour ne pas empoisonner le café de sa collègue Corinne. Pour se sentir libres de poser ce qui nous encombre sans craindre jugements ou incompréhensions. Pour dire du mal de sa belle-famille en toute impunité. Pour être épaulés et soutenus quels que soient nos choix. Pour avoir des free hugs pour un oui pour un non. Pour l'indispensable. Pour le luxe.


Ah, oui, quand même... A la réflexion, je prendrais bien une doula… Et vous?




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